Ouvrir les données numériques du territoire est une stratégie pédagogique payante dans la stratégie d’une ville intelligente.
L’open data suscite l’intérêt ou tout du moins la curiosité. Donner les différences de températures de la ville, entre un quartier abrité et un pont exposé au vent du nord sont des données utiles et facilement consultables, la consommation du chauffage en temps réel, le nombre de tonnes de déchets de la dernière collecte sont des informations qui peuvent inciter les foyers à faire des économies.
L’open data d’un territoire donne une image précise et unique puisque deux territoires ne produiront pas les mêmes données.
La sensibilisation des citoyens aux données est primordiale dans l’élaboration de la ville intelligente. Car, d’une part, chaque citoyen en produit une part non négligeable ; d’autre part, parce qu’il est le bénéficiaire de l’analyse de ces données. De plus, ce nouveau patrimoine est convoité puisqu’il recèle aussi des informations sur des habitudes de consommation propres à être exploitées pour orienter les consommateurs.
Le rôle des citoyens dans l’open data est donc central. La transparence sur l’utilisation de ces données l’est tout autant. L’État incite les collectivités locales (de plus de 3500 habitants) à ouvrir leurs données au public (loi du 7 août 2015).
La stratégie d’ouverture de l’open data passe par la volonté d’apporter de la transparence dans la gestion de la ville et celle d’offrir des opportunités de service aux acteurs du territoire. De plus, elle suscite des prises de conscience en matière d’usages et de dépense d’énergie. Pour cela, cette stratégie doit être admise au niveau des élus, des services, des acteurs privés et des citoyens.
La mise en œuvre d’une politique Open Data se fait depuis un service dédié d’administration des données, sous le contrôle d’un administrateur (Chief Data Officer). Ce service peut être interne aux services de la ville sous contrôle de l’exécutif.
Dans le cadre de son développement numérique, « Lyon Métropole » a parié sur l’ouverture des données pour mobiliser les acteurs de la métropole sur le projet de smart city.
L’open data est un choix qui ouvre à des politiques innovantes. D’après l’expérience lyonnaise, en fédérant des acteurs hétérogènes, la smart city gagne sa légitimité en gardant la maîtrise de ses données face aux plateformes internationales d’analyse et de réutilisation des données. La ville est également plus apte à offrir des services publics de qualité et des partenariats ; et donc, elle renforce son autorité.
Une ville est une superposition de réseaux (eau, gaz, électricité, transports, fibre, antennes relais…). Ces réseaux entraînent des coûts d’entretien et des surcoûts de consommation suivant les usages. Pour connaître les usages et prévenir les pannes, on place sur ces réseaux des capteurs reliés à des superviseurs qui analysent les fonctionnements en temps réel, détectent et préviennent les pannes, proposent des programmes de maintenance et alertent en cas d’incident (les smart-grids ou réseaux intelligents)/
La mise en œuvre de ces équipements (matériel et service) offre un retour sur investissement rapide (quelques années) et peut donc être considérée comme une première marche stratégique vers la smart city. Il faut toutefois rester vigilant sur la provenance des données qui sont souvent d’origine privée avant d’orienter la politique de la ville.
La sobriété numérique demande également une optimisation du matériel et des réseaux dès le déploiement des outils de la Smart City.
Puisque la mise en place de ces nouveaux moyens doit apporter des réductions de coûts y compris énergétiques, il serait contreproductif que la solution consomme plus que ce qu’elle est censée optimiser.
Dans son appel à collaborer, la smart city demande aux citoyens d’utiliser des terminaux (IdO) smartphones, ordinateurs et tablettes dont on connaît l’impact. Pour être exemplaire, la ville se doit de conduire sa transformation numérique avec l’exigence environnementale globale (pollution, diminution des ressources, émissions et réchauffement).
L’autorité locale compétente aura donc à cœur de prôner et incarner la culture de la durabilité, proposer des accès publics pour une surveillance citoyenne sur les impacts environnementaux, privilégier les logiciels libres (open source), l’achat de matériel reconditionné, prolonger son utilisation avant renouvellement, etc. Des garanties pour que la promesse d’amélioration de la qualité de vie des citoyens contenue dans la mission de la smart city le soit aussi sur le long terme.
Ce qu’il faut retenir dans les stratégies d’implantation d’une ville intelligente !
Une première transformation numérique a eu lieu dans les collectivités locales, obligeant les agents territoriaux à changer profondément leurs métiers.
Il convient donc d’être prudent, pédagogue, transparent et participatif. La culture de la ville intelligente se crée dès ses balbutiements par l’implication de tous les acteurs.
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