L’évolution de Chambéry, du tout automobile des années 70, à la mobilité douce d’aujourd’hui, présente une histoire riche d’expériences et d’exemples à suivre. Ce qui en fait un modèle pour nombre de villes européennes.
Le centre-ville historique de Chambéry est un secteur sauvegardé qui s’étend du château des Ducs de Savoie à la place Saint-Léger. Composé d’un dédale de ruelles étroites et sinueuses, bordées de maisons anciennes aux façades colorées, c’est un lieu de vie agréable, de détente et d’attraction touristique (cafés, restaurants et boutiques). L’architecture est d’inspiration piémontaise avec ses toits à tuiles rondes et ses arcades.
De nombreux monuments historiques, la cathédrale Saint-François-de-Sales (XVIIe), le château des Ducs de Savoie (XIIIe) et la fontaine des Éléphants (XIXe) jalonnent une promenade riche en découverte. On trouve de nombreux hôtels particuliers, dont les cours intérieures sont souvent agrémentées de fontaines et de sculptures. Tout un patrimoine à protéger.Chambéry peut s’enorgueillir de son prestigieux patrimoine, mais ce n’est pas la raison qui a porté la politique d’urbanisation orientée vers la mobilité douce.
L’inflexion de la politique d’urbanisme de la ville en faveur de la mobilité douce s’est faite dès la fin des années 70 à la suite d’accidents routiers graves. Plusieurs morts en quelques années, dont un enfant fauché à la sortie de l’école.
La ville entreprend alors une politique de pacification de la circulation qui implique fortement les services techniques de la ville dirigés à l’époque par Michel Deronzier. De nombreuses actions sont menées sur deux axes : l’éducation et la contrainte. Des actions de sensibilisation, des enquêtes d’évaluation sur la sécurité routière par quartier sont diligentées, mais également des contraintes sont imposées aux automobilistes comme des ralentisseurs sur les zones à protéger. Ces brise-vitesses se sont ensuite déployés sur des itinéraires pour forcer les automobilistes à utiliser d’autres chemins.
Toutes les actions ne sont pas couronnées de succès, mais le changement est en cours. Au fil des ans, la part de la population rétive à ces évolutions se trouve satisfaite du confort apporté par les nouveaux équipements.
Partager l’espace urbain embellit la ville. Réduire et endiguer la circulation automobile ouvre des espaces urbains de vie collective et la vie de chacun s’en trouve généralement améliorée. C’est le début des zones à priorité piétonne qui deviendront les zones de rencontre d’aujourd’hui et des zones 30.
La première partie de l’évolution vers la mobilité douce est couronnée de succès. Entre la fin des années 1989 et 2006, les accidents de la route sont réduits de plus de 90 % : de 450 à 32 pour les accidents et de 590 à 38 pour les victimes.
Les services techniques de Chambéry, acteurs de l’évolution de l’urbanisme et témoins de changements politiques au sein du conseil municipal, tirent un certain nombre de principes pour une réussite.
En 2008, M Dunoyer des Services Techniques de la ville soulignait l’aspect sociétal de la démarche : « Dans la plupart des cas, nous avons délibérément choisi le partage de l’espace plutôt que des aménagements spécifiques. »
L’organisation de la mobilité douce se crée donc à tous les niveaux de décision, des instances qui doivent rester à l’écoute des communautés pour lesquelles elle est conçue.
La piétonnisation de Chambéry a suivi le parcours classique des centres-villes historiques de France. Le centre historique a été piétonnisé pour sa sauvegarde, puis les rues commerçantes ont été réhabilitées.
La piétonnisation de la place Saint-Léger, cœur historique, a lancé la phase de redynamisation de la ville. La rue Boigne — un axe percé au XVIIIe siècle par le général du même nom et qui relie la fontaine aux Éléphants au château des ducs de Savoie — a été conservée en zone de rencontre comme la rue Faure afin de desservir l’ensemble du plateau piétonnier, dont l’évolution continue.
Le plan Action Cœur de Ville — plan national destiné aux villes de taille moyenne qui sert à améliorer les conditions de vie des habitants tant sur le plan de l’habitat que du cadre de vie — a permis à Chambéry de mener une redynamisation de ses commerces de proximité en parallèle avec les efforts faits sur la piétonnisation et la mobilité douce.
La municipalité a racheté de nombreux espaces commerciaux laissés vacants pour les réhabiliter. Le réaménagement de ces espaces a été fait suivant des critères d’emplacement et de superficie : augmenter les espaces trop réduits et réduire les espaces trop importants pour les rendre attractifs et efficients pour les commerces de centre-ville d’aujourd’hui. La mairie choisit les types de commerce éligible suivant les emplacements et loue le local. Cette politique a permis de ramener le taux de vacance des commerces de 12 % à 9 % entre 2020 et 2021.
La rue Juiverie est la figure de proue du changement de ces dernières années avec des commerces originaux et attractifs. L’enseigne Décathlon a récemment ouvert un magasin en centre-ville, signe d’intérêt pour une enseigne habituée aux centres commerciaux des périphéries.
Dans son objectif d’apaisement de la ville, Chambéry a travaillé sur l’ensemble des usagers et des usages de l’espace public. Le site internet Synchro reflète cet état d’esprit. Il propose des solutions suivant les modes de transport de chacun.
Les informations pour rouler en toute sécurité sont largement déployées sur le site. De plus, les infos trafic et travaux sont en temps réel. Les signalisations qui jalonnent les parcours donnent des temps de déplacement.
Il est possible de louer un vélo, de louer un emplacement de consigne à vélos, des incitations sont faites auprès des entreprises pour les sensibiliser à ce mode de transport.
Le totem du Parc du Verney comptabilise le passage des vélos pour inciter à sa pratique. Il s’arrête de compter à 600 000 passages. En 2021, il a fallu 362 jours pour atteindre ce chiffre, 303 en 2022, 275 en 2023.
La progression annuelle de l’utilisation du vélo est estimée à 4,5 % par an. Équipements, incitations et animations supportent le désir de mode de transport plus doux.
Si les voitures ont progressivement été contenues, elles font toujours partie des préoccupations de la mairie qui a développé un système de possibilité pour en diminuer l’usage.
Des parkings gratuits permettent de se garer, puis de rejoindre le centre-ville par bus. Des parkings payants en voirie ou en ouvrage donnent un accès direct au centre.
Le covoiturage est développé à travers des espaces dédiés et la plateforme Synchro qui permet d’organiser son transport. Mais un covoiturage spontané est également possible en ville. Des stations affichent la destination (au nombre de 6) des ou de la personne qui attend.
Des sociétés d’autopartage proposent également des locations de véhicules pour une heure ou plusieurs journées.
Chambéry a associé Citinnov à son évolution depuis plusieurs décennies. L’équipement principal implanté pour le contrôle d’accès sécurisé des axes et zones piétonnes est essentiellement constitué de bornes SUMO-R. Ces bornes de protection pouvant supporter l’impact d’un poids lourd de 6,8 T lancé à 50 km/h se déclinent en bornes fixes, pour la sécurité périmétrique et en bornes automatiques escamotables pour le contrôle d’accès.
Les bornes rétractables électriques SUMO-R sont pilotées par des totems de contrôle d’accès CITILIUM équipée de caméras LAPI (lecture automatisée de plaques d’immatriculation).
Le contrôle d’accès des véhicules sur le plateau piétonnier se fait donc par reconnaissance des véhicules autorisés pour les résidents. Les autorisations temporaires pour les livraisons, les emménagements et déménagements se font par l’obtention d’un ticket sur la borne pour une durée déterminée (le ticket est à laisser en vue à l’intérieur de la voiture pour le contrôle d’horodatage).
L’ensemble des accès est supervisé par la suite logicielle VIASOFT depuis un datacenter.
Aujourd’hui, le travail de Citinnov consiste dans le réaménagement, extension et rénovation d’une trentaine de sites de la ville, parmi lesquels on citera :
L’effort paye. Chambéry apparaît en tête dans le classement des villes de taille moyenne les plus dynamique [palmarès Villes de France et Mytraffic 2021] avec 2,1 millions de passages par mois. Autre podium, celui de l’Étudiant qui place Chambéry sur la deuxième marche des meilleures villes où il fait bon d’étudier [les étudiants ayant participé à l’enquête recommandent Chambéry à 94,72 %]. De quoi être fier !
En savoir plus sur nos autres réalisations :
mage à la UNE : La place piétonne de Saint-Léger à Chambéry — Crédit photo : Florian Pépellin — Wikimedia