Nancy, la ville aux Portes d’Or bénéficie d’un patrimoine architectural inestimable. Sa mise en valeur passe par sa protection et la possibilité de l’admirer. Protection et piétonnisation s’avèrent donc ici complémentaires. Voici comment.
La place Stanislas, mondialement connue, fait partie d’une des 10 plus belles places du monde selon Lonely Planet. Elle arrive en 3e position sur un classement français du site Henoo et a été élue le monument préféré des Français 2021. Mais si elle vaut certes le détour, ce n’est pas la seule réalisation remarquable du centre de Nancy.
Commandée par Stanislas Leczinski, roi de Pologne et Duc de Lorraine, la place est inaugurée en 1755 avec la place de la Carrière, la place d’Alliance et l’Arc de Triomphe (aujourd’hui appelé Arc Héré, du nom de l’architecte de l’ensemble).
Au-delà de l’œuvre remarquable que constitue l’ensemble, il faut replacer cette opération dans son contexte pour comprendre son objectif urbanistique qui était de relier deux quartiers indépendants constituant d’un côté la vieille ville et de l’autre, la ville neuve. Relier les quartiers pour faire vivre une ville est un souci ancien qui reste d’actualité à Nancy comme ailleurs. Cet ensemble du XVIIIe siècle est classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO depuis 1983 et classé aux monuments historiques dès 1886. L’ensemble a été rénové en 2005 suivant un tableau d’époque et la place Stanislas est devenue piétonne.
Pour une ville, un tel héritage est une fierté, mais également un poids qu’il faut intégrer dans la politique et les finances de la ville. Car, un monument historique soumet l’ensemble des constructions et donc des rénovations d’immeubles publics comme privés à des règles strictes surveillées par l’architecte en chef des Monuments historiques. Des projets de loi visant à assouplir la réglementation des Monuments historiques sont d’ailleurs en cours. En effet, un des effets pervers de cette réglementation augmente, pour les petites villes et les villages, la difficulté de trouver des habitants capables de faire face à la rénovation de leur habitat suivant les critères demandés. En 2020, la France comptait 45 684 monuments inscrits ou classés et tous ne sont pas dans le centre de villes importantes et riches.
La préservation d’un patrimoine de la taille de celui de Nancy a obligatoirement un coût. Par exemple, 500 000 € pour la réfection des grilles de la place Stanislas (détériorées à la suite du débordement d’enthousiasme de la finale de l’Euro 2016), et 11 M€ de rénovation pour l’Hôtel de la Reine afin de conserver le bâtiment.
Vols et vandalisme sont bien entendu les risques premiers pour le patrimoine mobilier et immobilier des Monuments historiques. Des moyens importants sont déployés pour les prévenir. Un commandant de police, conseiller en sûreté, rattaché à la délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation (DIRI – mission sécurité-sûreté-accessibilité) de la direction générale des patrimoines et de l’architecture est mis à disposition par le ministère de l’Intérieur depuis 1992. Mais, comme on le voit, les risques sont constants et les coûts de chaque acte délictueux ou accidentel sont lourds.
La Ville de Nancy, soucieuse de préserver l’intégrité de son patrimoine et consciente des coûts de cette opération, a opté pour une stratégie positive : le contrôle d’accès des zones historiques.
Loin d’en faire une ville musée, le contrôle d’accès du centre-ville qui a maintenant été étendu permet la protection des monuments contre des dégâts accidentels ou malveillants de véhicules en même temps qu’il bénéficie à la piétonnisation de la ville. Ce qui, comme on le sait, a également un effet bénéfique, puisque les gaz d’échappement corrodent la pierre des bâtiments.
La piétonnisation de Nancy a commencé relativement tardivement par rapport à Metz, sa voisine (piétonne dès les années 1960/70). On peut trouver une explication à ce retard dans la proximité du parc de la Pépinière avec les places de la Carrière et Stanislas et le cours Léopold qui représentaient des espaces relativement préservés avant la piétonnisation.
En 2020, à l’occasion d’un week-end d’animation le « Beau Week-end », la municipalité teste l’extension des zones piétonnes alors réduite à la place Stanislas et à deux rues d’accès et aux rues Saint-Jean et Pierre Semard réservées aux trams et à quelques rues non reliées les unes aux autres. C’est une volonté politique qui fait partie du programme du nouveau Maire élu. Les deux jours de piétonnisation sont bien accueillis par la population.
Le programme ambitieux de piétonnisation qui en découle est prévu pour une ouverture complète en 2023. La zone piétonne appelée le « Chemin piéton » commence à la porte de la Craffe, continue sur l’ensemble de la Grande Rue et ses rues adjacentes jusqu’à la place Stanislas. Le chemin se prolonge depuis la place par la rue des Dominicains et la rue du Pont Mouja pour relier l’ensemble des premières rues piétonnes du centre-ville.
Ce chemin piéton va dans le sens de l’urbanisation voulue par Stanislas puisqu’il permet la liaison entre les nouveaux quartiers de la place de la République et l’espace historique du XVIIIe.
La concertation s’est déroulée sur l’année 2021/22, elle a fait l’objet d’une enquête de proximité réalisée par la SCALEM (agence de développement des territoires Sud-Lorraine). Bien sûr, ce changement a fait naître de légitimes inquiétudes, du côté de certains commerçants, des personnes âgées et de quelques riverains. La période de transition et de travaux est toujours un moment délicat pendant lequel les commerces enregistrent généralement une diminution de leur clientèle. Pour pallier ces problèmes, la municipalité a mis en place une commission d’indemnisation à l’amiable, chargée d’examiner les demandes des professionnels impactés par les chantiers.
Les Vitrines de Nancy, association de commerçants, ont toujours été favorables à une piétonnisation sous réserve d’une augmentation des parkings en compensation des places de stationnement en surface, rendues indisponibles.
Une offre de 10 parkings à moins de 300 m des zones piétonnes doit permettre de résoudre le problème. Les Vitrines de Nancy ont mis en place une réduction du prix des parkings pour les clients des commerces et services participants.
Pour répondre à l’ensemble des besoins ouverts par ces évolutions, Citinnov a déployé un ensemble adapté de contrôle d’accès.
SUMO AB, automatiques et manuelles sont des bornes de régulations. Les bornes SUMO-AB font partie de la catégorie des bornes antibéliers Citinnov, conçues pour protéger les sites sensibles et les zones piétonnes contre les dangers d’une voiture bélier.
Leur résistance aux chocs est de 586 à 723 kilojoules, suivant le mode de pose. 586 kJ correspond à l’impact d’un véhicule de 7,5 t lancé à 46 km/h et 723 kJ correspond à l’impact d’un véhicule du même poids lancé à 50 km/h. L’accès de nombreuses rues piétonnes de Nancy est contrôlé par des massifs de bornes rétractables et manuelles doublés par des chicanes de plots en béton. La mise en place de bornes automatiques permet le contrôle d’accès régulier pour les usagers et les bornes manuelles sont ponctuellement sollicitées pour le passage d’engins de chantier plus large. Les bornes SUMO AB sont déployées dans tout le centre-ville piéton.
La borne TITAN 800, borne de défense haute (800 mm) protège plusieurs accès comme l’allée Darnys du Parc Forestier ou le Parc des Étangs à Saulxures-les-Nancy. Ce sont des bornes de la gamme défense avec une résistance de 1852 KJ, elles protègent contre des poids lourds de 7,5 t lancés à 80 km/h.
La borne BECO V2 est implantée dans les rues de Vandœuvre, comme ici rue du Portugal.
La borne BECO V2 est une borne de dissuasion. Plus légère, elle est conçue pour arrêter un véhicule léger (1,5 T) à 40 km/h. Elle est employée ici pour protéger la traversée des piétons sur la contre-allée. Cette sécurisation peu onéreuse est de plus en plus employée pour son rôle polyvalent : protection des piétons et de portions de pistes cyclables, anti stationnement.
Le contrôle d’accès des zones piétonnes de la place Stanislas se fait aux totems de contrôle qui sont supervisés par le PC Stanislas. Les ayant droits, riverains, commerçants, livreurs et artisans doivent être munis d’une autorisation.
En conclusion, le point étape (datant de juin 2023) montre globalement, après 6 mois de piétonnisation, une satisfaction tant chez les riverains et usagers que chez les commerçants. Bien qu’il existe des disparités importantes, notamment chez les personnes âgées en ce qui concerne leurs courses quotidiennes. Les animations culturelles et festives sont portées par la piétonnisation comme c’est le cas partout. Cette phase importante pour la ville est donc une réussite qu’il faut concrétiser au fil du temps. La société Citinnov est fière d’être partenaire de cette évolution historique dans l’urbanisation de la ville de Nancy.
Lire les autres réalisations de Citinnov :
Image à la UNE : la place Stanislas de Nancy – source Wikimedia