L’implantation d’une zone piétonne est un projet à long terme dans laquelle l’organisation joue un rôle déterminant pour la réussite. Des métriques précises permettent d’évaluer les futurs besoins des utilisateurs et les résultats écologiques et économiques de la piétonnisation. Des équipements spéciaux garantissent la sécurité et le confort des utilisateurs.
On définit généralement 6 métriques principales :
Les comptages se font sur le nombre de foyers, de commerces, des taux d’occupations des parkings, du trafic automobile par rue, place, carrefour, du trafic des vélos sur les pistes cyclables et enfin sur les flux piétons.
La consultation de l’ensemble de la population est essentielle pour définir les objectifs du projet. Suivant la nature du centre-ville et l’urbanisation générale de la zone, les demandes et les réticences envers une piétonnisation sont très variables. La demande peut venir des commerçants ou au contraire des riverains, et vice versa.
La piétonnisation apparaît à travers des festivités le temps d’un week-end ou de jours fériés qui servent de tests ponctuels. C’est un moyen pratique pour s’assurer de la viabilité globale du projet et des adaptations à y apporter. Ces tests grandeur nature permettent de jauger l’affluence des véhicules. Ce qui donne des chiffres sur la capacité requise des parkings à construire et sur les flux piétons afin de prévoir la largeur des accès sur l’ensemble des déplacements.
D’autre part, les journées piétonnes sensibilisent la population sur l’adoption de comportements et de modes de déplacement respectueux de l’environnement, encourageant le recours à des alternatives telles que les transports en commun, le covoiturage ou le vélo. Ces tests de piétonnisation sont donc des passages essentiels du projet.
Un mobilier urbain spécifique protège les flux du trafic piéton et cycliste autour et à l’intérieur de la zone piétonne, et en contrôle les accès.
Les accès sont garantis par des bornes de sécurité, des bornes de protection ou des bornes anti bélier suivant l’exposition aux chocs de l’aire qu’elles protègent.
Des bornes de sécurités périmétriques fixes interdisent les accès accidentels ou volontaires de véhicules sur les zones ouvertes telles que les places, les esplanades, les champs de foire, les avenues aux trottoirs larges, les parcs et jardins. Des barrières de ville chaînées ou non peuvent également servir à la protection périmétrique d’une zone piétonne.
Un contrôle d’accès à la zone piétonne se fait sur les axes entrants par des totems d’accès qui commandent des bornes escamotables automatiques implantées sur la voirie. Ces totems d’accès embarquent diverses technologies : audiophonie, vidéophonie, badges, caméra LAPI (lecture de plaque d’immatriculation), smartphones, etc.
Des totems d’accès tel que le CITILIUM permettent de contrôler jusqu’à 3 bornes escamotables automatiques pour les rues les plus larges.
La hiérarchisation des accès est organisée par un service de la Mairie ou directement par la Police municipale qui délivre les autorisations suivant les usagers (autorisations permanentes ou temporaires). On trouvera donc :
Ces deux paramètres liés l’un à l’autre conduisent l’organisation générale d’un projet piéton. Le premier confort d’une zone piétonne naît du sentiment de sécurité qui provient essentiellement de :
Des aménagements spécifiques tels que des rues sans trottoir, des bacs à fleurs et de la végétalisation apportent un surplus de protection et donc de sécurité pour le piéton qui se sent chez lui.
Le confort d’une zone piétonne doit d’abord se porter sur les piétons les plus fragiles comme les personnes âgées ou les personnes à mobilité réduite (PMR). Bancs et toilettes sont les premiers aménagements demandés par les personnes âgées. Facilité d’accès et revêtement roulable des sols sont les aménagements qui favorisent le déplacement des personnes à mobilités réduite.
L’éclairage et la téléprotection favorisent l’inclusivité des piétons. Les femmes ne se sentent pas obligatoirement en sécurité dans une zone piétonne lorsqu’elles se déplacent seules.
Des œuvres artistiques, une végétalisation, des zones conviviales, des manifestations festives contribuent au confort de la piétonnisation et dynamisent la vie économique. C’est un élément prépondérant des centres-villes historiques. Un critère essentiel de confort est à prendre en compte dès la conception. Il concerne la propreté urbaine. Les périodes de fortes affluences entraînent des accumulations de déchets dans les poubelles et dans les zones de pause. Des équipes de nettoyage garantissent une expérience agréable pour le public qui sera plus enclin à consommer dans un espace propre.
Une zone piétonne amène généralement un remodelage du plan de circulation de la ville. La piétonnisation engendre un contournement du secteur piéton tout en obligeant à la desserte de parkings construits au plus près de cette zone.
Les premières évaluations de l’organisation d’une zone piétonne concernent le stationnement. En effet, comme le nombre de places de parking en voirie sera réduit, il faut en premier lieu proposer un nombre de stationnements suffisant en périphérie. Des parkings de longues durées sont généralement dédiés à des tarifs privilégiés aux riverains.
Des bornes d’arrêt minute (BAM) facilitent le stationnement court à proximité des zones commerçantes. Ces places de parking qui enregistrent la présence d’un véhicule garé et déclenche un décompte, offrent généralement un stationnement gratuit de 20 à 30 minutes ce qui permet de faire des courses rapides. Dans une politique écologique, des bornes de recharge couplées à des BAM (borne Citicharge) œuvrent pour une mobilité douce.
Le flux piéton en dehors de la zone réservée demande d’organiser les zones de rencontre dans lesquelles piétons, vélos et véhicules motorisés se rencontrent. Ce sont des zones soumises à une réglementation spécifique (20 km/h, priorité aux piétons, pistes cyclables à double sens).
Des collectivités locales optent pour une réduction de la vitesse autorisée à 30 km/h (Zone 30), soit par souci d’apaisement et de convivialité, soit par obligation. La loi « Climat et Résilience » oblige toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants à passer en ZFE, le 31 décembre 2024, au plus tard.
En conclusion, l’organisation d’une zone piétonne ouvre différents fronts de travail qui s’étalent de l’urbanisme à l’économie en passant par l’inclusivité. L’implantation d’une zone piétonne demande donc d’une part des équipements physiques et d’autre part, un dialogue continu avec les parties prenantes.
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Image à la UNE : zone piétonne - Pixabay